Disco Maghreb Oran : berceau du Raï et symbole d’une ville libre

L’âme musicale d’Oran

À Oran, la musique n’est pas un simple divertissement : c’est une langue universelle, une manière d’exister. Chaque coin de rue, chaque café, chaque taxi semble vibrer au rythme du Raï, ce genre né ici, dans la « ville radieuse ».
Et au cœur de cette épopée musicale trône un lieu mythique : Disco Maghreb Oran, bien plus qu’un magasin de disques — une institution, une légende.

Naissance du Raï : la voix du peuple

Le Raï est né dans les années 1930 dans les faubourgs d’Oran.
À l’époque, les chioukhs et chikhates chantaient la vie quotidienne, l’amour, la liberté ou la révolte, sur des rythmes mêlant instruments traditionnels et sonorités andalouses.
C’était la voix du peuple, un chant brut, sincère, souvent provocant.
Dans les années 1970 et 1980, la jeunesse oranaise s’en empare : guitares électriques, synthétiseurs et boîtes à rythmes modernisent le genre, et une nouvelle génération explose — Cheb Khaled, Cheb Hasni, Cheikha Rimitti, Zahouania… tous enfants d’Oran.

Disco Maghreb Oran : du studio de quartier à l’icône mondiale

Situé à Mdina Jdida, le quartier populaire par excellence, Disco Maghreb voit le jour dans les années 1970.
Fondé par Boualem Benhaoua, il devient rapidement le centre névralgique du Raï moderne.

Le lieu est resté dans toutes les mémoires comme le point de départ du Raï international.
En 2022, le rappeur DJ Snake lui rend hommage avec son clip mondialement connu “Disco Maghreb”, tourné entre les ruelles d’Oran et les paysages du Sahara.
Résultat : un symbole ressuscité, une vitrine planétaire pour la culture oranaise, où tradition et modernité continuent de se croiser.

Les grandes voix du Raï oranais

Derrière la légende de Disco Maghreb Oran, il y a des voix qui ont marqué l’histoire. Ces artistes oranais ont porté le Raï des ruelles de Mdina Jdida jusqu’aux plus grandes scènes du monde.

Cheikha Rimitti : la mère du Raï

Née près de Sidi Bel Abbès, Cheikha Rimitti est la pionnière du Raï moderne.
Avec son franc-parler et sa voix rauque, elle a chanté la liberté, l’amour et la vie populaire dans une Algérie encore pudique.
Symbole de l’audace féminine, elle reste l’âme rebelle du Raï et une figure respectée à Oran.

Cheikha Rimitti
Cheb Hasni : la voix du cœur

Né à Oran en 1968, Cheb Hasni a fait du Raï une musique d’émotion.
Ses chansons d’amour et de nostalgie, qui se vendaient chez Disco Maghreb et partout dans le pays, ont touché toute une génération.
Son assassinat en 1994 a bouleversé le pays, mais son timbre doux et mélancolique continue d’habiter les cafés et les radios oranaises.

chab hasni

Cheb Khaled : le roi du Raï

Originaire de Sidi El Houari, Cheb Khaled est celui qui a fait connaître le Raï au monde entier.
De ses débuts à Disco Maghreb Oran aux tubes planétaires comme Didi ou Aïcha, il a su mêler racines oranaises et sonorités modernes.
Son succès international a transformé le Raï en symbole universel de liberté et de fierté algérienne.

chab khaled

Oran, ville d’art et de liberté

Au-delà de la musique, Oran respire la créativité.
Ses murs colorés, ses graffitis, ses galeries d’art et ses artisans racontent une ville qui ne s’endort jamais.
Disco Maghreb en reste le phare : un lieu de mémoire devenu un totem moderne, point de rencontre entre passé et futur.
Ici, le Raï n’est pas une nostalgie — c’est une promesse : celle d’une jeunesse qui chante encore sa vérité, libre et fière.

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